Le webdesigner au service de l'utilisateur.

Réaliser correctement un site web c'est aujourd'hui maîtriser le mieux possible l'amplitude des contraintes pour arriver au résultat souhaité.
Mais quel est donc ce résultat ? Transmettre une information le plus efficacement possible.
Au final l'utilisateur clique et doit trouver ce qu'il cherche, simplement.
En fait il se moque de savoir comment le site est construit, quelle est la logique du créateur. Ce qu'il veut, c'est trouver vite.

Ho la belle page !

Je me souviens à mes débuts, me triturer les méninges afin de réaliser de belles interfaces, originales, voir... subtiles... je ne sais pas si c'était vraiment le cas, mais le cœur y était !
Une fois satisfait de mon travail, je soumettais le fruit de mes recherches à la souris de mes amis : "Ho, c'est joli ! C'est bien fait, je clique où maintenant ? ..." Aï. Résultat manqué, c'est beau mais inefficace.
Quand l'utilisateur commence à chercher, c'est qu'il y a un défaut.
Un vieux dicton, qui s'applique à de très nombreux sujets dit :

"Le mieux est l'ennemi du bien."

Le webdesigner cherche souvent à multiplier les fonctions à l'écran afin d'offrir de multiples possibilités à l'utilisateur, "simplifier" sa navigation, voir, répondre à tous ses besoins...
Le vœu est tout à fait louable mais en y regardant de plus près, la démarche est souvent vaine. Non pas que la réalisation soit techniquement et visuellement mauvaise, mais on cherche à faire plus, mieux, plus performant. Il est naturel de livrer un site parfaitement fonctionnel et répondant à la multitude des problématiques posées au début du projet.
Mais au final, on obtient un site superbe, mais inaccessible !

Accessibilité, mon guide.

Aujourd'hui, la tendance va dans le bon sens.
Les standards du Web, les guides normalisés d'accessibilité sont des outils pour réaliser une base correcte et solide.
Même si leur maîtrise demande un effort d'adaptation, voire pour certains, une remise en question de leur façon de concevoir un site web, ils sont les bons outils. Mais ce sont des outils, au même titre qu'un logiciel, un livre ou une clef à mollette.
A mon sens, la base, le guide de conception, c'est l'accessibilité au sens large du terme ; pas seulement les normes du WAI qui sont simplement un de ces outils.
Un exemple me revient en mémoire : l'histoire de la télécommande. Cette petite boîte qui se multiplie dans nos salons fait complètement partie de notre paysage aujourd'hui. Mais au départ elle fut inventée pour rendre, notamment la télévision, accessible aux personnes handicapées ou à mobilité réduite.
L'invention étant bonne pour les handicapés, elle fut étendue à tous, pour notre confort. Aujourd'hui personne ne s'en plaint, hormis peut-être de s'asseoir sur la colonie de boîtiers à boutons laissée en pâture sur le canapé !

L'interface accessible

Le webdesigner qui souhaite concevoir une interface accessible se retrouve donc toujours devant cette problématique : pratique, simple et beau… ou tout du moins agréable à utiliser.
A de nombreuses reprises j'ai entendu dire : "Faire accessible, c'est faire moche !".
Le raccourci est à mon avis un peu facile, ou dénote 'une méconnaissance des outils que sont les standards du web et notamment l'utilisation des feuilles de styles (CSS). Allez donc faire seulement un tour du côté du "Zen garden" pour réaliser l'étendue des possibilités de mise en page offerte par les CSS.
Une fois acquise la maîtrise de cet outil, il reste à mettre en oeuvre les principes de base d'une bonne mise en page.

Il faut également :

  • S'appliquer à placer les éléments de navigation de façon logique et intuitive, sans artifice.
  • Tester son travail avec l'utilisateur lambda et noter ses hésitations ou ses questions implicites.
  • Revenir à sa copie et la modifier vers une simplification subtile et non pas forcément un allègement. En effet il suffit parfois d'ajouter un repère visuel, de contraster davantage pour que l'œil de l'utilisateur soit guidé et ne cherche plus.

L'utilisation d'une sémantique bien appliquée guidera le lecteur.
L'œil s'attend à certains points de repères. Les dissimuler sous des artifices graphiques ne mène la plupart du temps à rien et perd le lecteur. Il devra faire des allers et venues sur le document afin de trouver les repères sur lesquels il ne tombe pas naturellement.
L'utilisateur n'est pas là pour trouver la solution d'un jeu de piste, mais bien pour trouver l'information qu'il cherche. Le perdre dans un dédale graphique et original va certainement plus le dérouter et le faire renoncer.
Dans une opération marketing on peut se permettre un grand nombre de fantaisies, mais dans ce cas l'utilisateur est complice et averti.
Mais la plupart du temps, ce n'est pas opportun.
Il ne faut donc pas se tromper de cible et garder à l'esprit que c'est l'utilisateur ou le client, que l'on sert.
L'interface ne doit donc pas être une énigme mais une évidence.
J'en vois qui diront alors que c'est le chemin de l'uniformité.
Ces esprits chagrins passent à côté du rôle du webdesigner.

Au final...

Concevoir une interface accessible se résume tout d'abord à l'étudier comme si l'on souhaitait mettre en page un journal, une revue ou tout autre publication papier ; avec les mêmes méthodes, mais revues et adaptées au web et ses contraintes.
Quand celle-ci fonctionne bien, la réalisation passe par les standards du web et les règles d'accessibilité.
Ainsi, quelque soit l'utilisateur, handicapé ou non, chacun à son niveau bénéficie d'une accessibilité adaptée.
L'utilisateur parcourt une interface agréable à lire et de par sa conception, celle-ci peut se dégrader, s'adapter aux handicapés ou aux préférences de navigation. Le maximum d'utilisateur peut alors bénéficier du contenu.
Il y aura certainement un tout petit pourcentage d'utilisateurs qui ne pourra peut-être pas y accéder, mais au moins, tous les efforts auront été fournis pour le réduire.

Toutes contributions, critiques ou remarques constructives sur ce sujet seront les bienvenues et pourront peut-être donner naissance, plus tard, à un article plus complet.

Stéphane VERDIER
18 août 2006